Feux de forêt, comment agir ?

Comprendre les feux de forêt.

Sur les 15 dernières années, on dénombre en France entre 3 000 et 4 000 feux de forêt chaque année. Bien que la surface totale de forêt brûlée ait considérablement diminué par rapport aux années 70 et 80, le risque d’incendie ne cesse d’augmenter. Cette contradiction s’explique en grande partie par les progrès réalisés dans la prévention et la lutte contre les incendies.
 En effet, les moyens de surveillance se sont modernisés avec l’installation de tours de guet, l’usage de satellites, et le déploiement de patrouilles spécialisées. Parallèlement, des aménagements du territoire, comme la création de pare-feux, des zones sans végétation inflammable  permettant de contenir les incendies à des secteurs plus limités. L’augmentation des pistes forestières facilite également l’accès rapide des secours aux lieux d’incendie.
 Les budgets alloués à la lutte contre les feux de forêt ont fortement augmenté depuis les années 80-90. Par exemple, les dépenses publiques liées aux services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) sont passées d’environ 231 millions d’euros en 2008 à près de 5,4 milliards d’euros en 2022. Cette hausse reflète à la fois l’accroissement des moyens matériels et humains, mais aussi l’augmentation des coûts liés à la multiplication et à la complexité des interventions.
 Cette augmentation des coûts s’explique en grande partie par la hausse du risque incendie, fortement liée au réchauffement climatique. Si la surface brûlée est globalement moindre qu’autrefois, les feux deviennent de plus en plus violents et difficiles à contrôler. La végétation, qui s’assèche plus longtemps et plus intensément, s’enflamme rapidement et les incendies peuvent alors prendre des proportions très importantes.
 Grâce aux travaux de scientifiques regroupé·es au sein du GIEC, il est aujourd’hui possible d’affirmer avec certitude qu’une grande majorité du réchauffement climatique est d’origine humaine. Selon Météo France, le nombre de vagues de chaleur en France a été multiplié par cinq depuis les années 1950, et le nombre de jours avec des températures supérieures à 30 °C a doublé. Ces conditions favorisent l’allongement des périodes de sécheresse, ce qui conduit à des saisons d’incendies plus longues, qui commencent plus tôt au printemps et se prolongent souvent jusqu’à l’automne.
 Par ailleurs, l’urbanisation croissante en périphérie des zones forestières crée des zones dites d’interface urbain-forestier. Dans ces espaces, la proximité entre habitations et végétation augmente considérablement les risques d’incendie et rend la gestion des feux plus complexe. L’Office National des Forêts (ONF) rappelle que cette proximité devient un facteur préoccupant, car un départ de feu peut partir d’une habitation ou s’y propager très rapidement.
 Un autre facteur majeur lié à l’humain est l’apport d’énergie d’activation du feu. En effet, 9 feux sur 10 sont dus à une cause humaine directe, qu’il s’agisse d’un mégot de cigarette mal éteint jeté en bord de route, d’un barbecue réalisé trop près de la végétation, ou d’étincelles produites lors de travaux avec des machines (meuleuse, disqueuse, soudure, etc.). C’est sur ce point que chacune et chacun peut agir au quotidien pour limiter les risques.

Voici quelques bonnes pratiques essentielles à adopter :

• Utiliser un cendrier de poche pour éteindre et conserver ses mégots, ou s’assurer qu’ils sont complètement éteints avant de les jeter.
• Lors de travaux pouvant générer des étincelles ou de la chaleur, garder à portée de main de l’eau ou un extincteur.
• Élaguer régulièrement les arbres proches des bâtiments.
• Dans les zones en interface forestière, maintenir une zone tampon dégagée de végétation inflammable autour des habitations. 

La lutte contre les incendies repose donc autant sur la modernisation des moyens techniques que sur la responsabilité individuelle. Seule une combinaison de ces efforts permettra de réduire les risques et préserver nos forêts et nos habitats. Cela peut sembler dérisoire, voire inefficace mais la sensibilisation, adopter les bonnes pratiques, c’est empêcher une large partie de nos incendies.

Crédit photo : Résultat dispositif pare-feu — Par Ryanj93 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=50106600