En 2021, le massacre de la ripisylve de l’Hérin (ou Hérein) continue. Et ce, malgré la mobilisation des associations, l’écoute et la réactivité des services de l’État.
Constat
Il y a exactement un an, FNE Vaucluse s’indignait déjà de la destruction éhontée et mercantile de cette ripisylve. On y arrachait des centaines d’arbres à grand coup de pelleteuse. Sans préoccupation excessive pour les gens qu’ils protègent des éventuels débordements de la rivière ni pour la faune qu’ils abritent.
Le 30 avril 2020, nous interpelions les Préfets de la Drôme et du Vaucluse sur la nécessité de mieux protéger les boisements rivulaires :
«La ripisylve, habitat nécessaire et précieux d’une biodiversité menacée d’effondrement, est sacrifiée sans qu’il soit réfléchi aux conséquences présentes (des dizaines de nids occupés détruits) et à venir : rivière « mise à nu », au profit d’une centrale à bois ».
Extrait de l’article paru sur notre site le 30 avril 2020 : » Ripisylves : le confinement n’arrête pas les destructions »
Force est de constater qu’aujourd’hui, en dépit des avancées, notamment en Vaucluse, les coupes sauvages ont repris. Elles concernent cette fois la partie drômoise de l’Hérin. Et si les dégâts se concentrent autour de Suze la Rousse, l’entreprise à l’œuvre, domiciliée à Richerenche, est vauclusienne.
Pour la deuxième année consécutive, cette entreprise détruit toute vie sur des centaines de mètres linéaires de boisements rivulaires.
Actions de protection engagées
A – L’association pour l’environnement du Pays de Grignan, (APEG, départements 26 et 84), membre de la fédération FNE Vaucluse, est en pointe sur ce dossier. Elle a constitué en mai 2020 un groupe de travail, élargi depuis à la lutte contre le déboisement, et mis au point programme d’actions en 3 axes :
- suivi de la destruction de la ripisylve de Visan avec le Syndicat Mixte du Bassin Versant du Lez (SMBVL)
- recensement des opérations de déboisement (ripisylves et forêts)
- information du public sur le bois énergie (conférence débat sur l’énergie, à venir)
B – la demande du SMBVL, une procédure en vue d’un arrêté préfectoral de protection des habitats naturels (APPHN) a été initée. Cette procédure, similaire à celle des arrêtés de protection des biotopes (APB), est protectrice sans qu’il soit nécessaire que les habitats concernés abritent des espèces protégées.
C – Un Groupe de travail “APPHN ripisylves Lez”, associant les services de L’État (DDT 84 et 26), DREAL, les collectivités locales (5 Com com) et les CD 26 et 84 , le SMBVL, les CRPF, chambres d’agriculture, ONF, OFB et plusieurs associations environnementales, est créé. Patrick FAURE, administrateur en son sein et membre de l’APEG, y représente FNE 84. Un article sur notre site le 08 décembre 2020 s’en faisait l’écho.
Depuis sa première réunion en novembre 2020, ce groupe de travail avance, malheureusement moins vite que les pelleteuses.
D – Le 15 décembre 2020, le Préfet de Vaucluse a pris un arrêté « fixant pour le département de Vaucluse les seuils de surface en matière d’obligation de demande d’autorisation de coupes d’arbres enlevant plus de la moitié du volume des arbres de futaie à défaut de garantie de gestion durable ». Désormais, dans le département, pour toute coupe linéaire d’arbres supérieure à 100 m, il faudra une autorisation.
La mobilisation demeure indispensable
Limitées en Vaucluse par la nécessité d’en demander l’autorisation, les destructions de ripisylve explos en Drôme.
L’APEG a du se remobiliser.
L’association, soutenue par la FRAPNA Drôme, a envoyé un courrier au préfet de la Drôme.
Un collectif « Sauvons nos rivières – STOP AUX COUPES RASES » a vu le jour, avec le concours et le soutien d’une dizaine d’associations dont les sociétés de pêche locales, l’association de défense du patrimoine de Suze la Rousse, la LPO 26, Frapna 26, et bien sûr FNE Vaucluse. « Cette action fait suite à la destruction courant avril de 600 mètres de la magnifique ripisylve du Lez à Suze la Rousse par le même entrepreneur qui a réalisé la coupe rase de Visan en avril 2020, toujours en pleine période de nidification et de reproduction », explique l’APEG.
Un communiqué est publié et un meeting se tiendra le 22 mai à 10H30 à Colonzelle (26). La presse et France 3 régions recevront une invitation.
Chaque association pourra y exposer pourquoi il faut préserver la ripisylve et dire ce qu’elle aimerait obtenir.
Venons tous dire notre refus de la destruction systématique de la biodiversité.