Le 22 septembre dernier, FNE Vaucluse a présenté son analyse et remis ses conclusions sur les prélèvements d’eau du Rhône à usage agricole, envisagés par le projet d’irrigation du Nord Vaucluse.
Ce projet fait l’objet d’un audit dont la charge revient à deux autorités dépendant, chacune, d’un ministère différent :
- d’une part, le Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux (CGAAER) ;
- et d’autre part, le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD).
Le bas de cette page présente leur mode de fonctionnement.*
C’est donc dans le cadre de cet audit que la mission d’audit a invité FNE Vaucluse à donner son point de vue.
Un projet d’irrigation suivi par FNE Vaucluse depuis 2017
FNE Vaucluse suit ce « Projet territorial Hauts de Provence Rhodanienne » depuis 2017.
Le dossier de presse de la Chambre d’agriculture du Vaucluse le présente alors comme
«une opération d’amélioration de l’utilisation des ressources en eau à des fins agricoles dans le territoire « Hauts de Provence rhodanienne », en réponse aux changements climatiques ».
(Dossier de presse, Mireille Brun, CDA Vaucluse et Marc Chemouni, préfecture Vaucluse, juin 2017)
(Un projet ambitieux qui vise à) « sécuriser les ressources en eau sur un territoire déficitaire et préserver le bon état des ressources par une modernisation des réseaux d’hydraulique agricole et une concertation élargie ».
Espoirs, réserves et évolution
Espoirs et réserves
1 – Dès le 8 décembre 2017, à l’occasion d’un Copil, FNE Vaucluse exprime un avis mitigé.
En effet, tel qu’il se présente, le projet de prélever dans le Rhône l’eau pour l’usage agricole peut alléger la pression sur la nappe du myocène et baisser les prélèvements sur le bassin de l’Aygues. Dans les deux cas l’amélioration serait substantielle.
Malheureusement, la perspective d’eau en abondance peut aussi, mécaniquement, accroître les demandes agricoles. Résultat : les nécessaires économies de la ressource et les changements de pratiques culturales passeraient aux oubliettes.
De CoPil en CoPil, l’évolution du projet contraint FNE Vaucluse à rappeler que l’adaptation de l’agriculture au changement climatique mérite d’être pensée sur le long terme. Mais la perspective d’une ressource renouvelée pour l’irrigation aiguise les appétits et il est de moins en moins question de diminuer les prélèvements existants.
2 – En 2018, la « Cellule d’expertise relative à la gestion quantitative de l’eau pour faire face aux épisodes de sécheresse », que préside le préfet Pierre-Etienne Bisch, permet à FNE Vaucluse de réitérer son point de vue.
Le 1er février 2018, devant les experts de cette cellule, nous insistons sur l’indispensable évolution des modes de culture. Au cours de cette réunion, nous apprenons que les prélèvements ne se feraient pas directement dans le Rhône mais, probablement, dans des carrières proches.
Un projet en deçà de la complexité climatique
Durant l’audit du 22 septembre 2020, FNE Vaucluse a ré-affirmé avec force que ce projet ne pouvait se limiter à une réorganisation des moyens d’irrigation. En effet, « le projet de prélèvements d’eau dans le Rhône pour irriguer le Nord Vaucluse n’est concevable qu’avec un véritable PLAN d’évolution de l’agriculture Nord vauclusienne. » (sic)
Nous avons pris soin de détailler les points fondamentaux que doit inclure ce projet :
- une répartition équitable de l’eau pour tous, en fonction des besoins, avec une gouvernance collégiale ;
- mais aussi, des économies portant sur les prélèvements existants ;
- et enfin, l’application aux agriculteurs du principe pollueur /payeur
… Et ses lacunes :
- Pas de véritable substitution de la ressource, ni de véritables propositions d’économies d’eau
- Aucune assurance sur la capacité du Rhône à fournir les quantités nécessaires sans altérer les points d’alimentation dans les secteurs de prélèvements
- Un financement reposant essentiellement sur des subventions.
Nous avons de surcroit notifié notre désaccord sur les « retenues » envisagées.
En conclusion
La mission a reçu le document résumant notre point de vue.
Le 22 septembre dernier, FNE Vaucluse a incontestablement été écoutée. Mais il faudra attendre la publication du rapport de la mission pour savoir si elle a été entendue.
Pour aller plus loin :
- Le rapport de la Cellule d’expertise relative à la gestion quantitative de l’eau pour faire face aux épisodes de sécheresse, dit « Rapport Bisch«
- « Le Comité départemental sécheresse devient le comité départemental ressources en eau » (FNE Vaucluse, 20 juillet 2020)
- Irrigation agricole à partir des eaux du Rhône (FNE Vaucluse, 8 décembre 2018)
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* Les membres du CGAAER accomplissent des missions d’audit, d’inspection, de conseil, d’évaluation et d’expertise. Celles-ci peuvent être interministérielles, menées par une seule personne ou par une équipe. Généralement, le site internet du ministère de l’agriculture en publie les rapports.
Le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) est placé sous l’autorité directe du ministre de l’environnement et du développement durable. Il procède aux missions d’audit, ainsi qu’aux enquêtes administratives. Il siège en formation d’autorité environnementale dont les avis portent sur la qualité des évaluations environnementales et sur la prise en compte de l’environnement par les projets qui sont soumis à son examen.