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Les grives obtiennent un sursis. Les tourterelles, la mort !

Ce 27 août, suite à un arbitrage d’Emmanuel Macron, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili accorde un sursis aux grives … le même jour, cependant, un autre arrêté fixe la mort de milliers de tourterelles des bois.

Une prise de position contrainte

La prise de position d’Emmanuel Macron répond à la fois aux demandes des écologistes et à la Commission européenne.

Contre toute attente, Emmanuel Macron a décidé de fixer à zéro pour cette saison de chasse le quota de chasse à la glu pour les grives et les merles, contre 42.000 la saison dernière.

Mais il n’y a pas de quoi rêver : il ne s’agit pas d’une fin mais uniquement d’une suspension ! Les grives constituent toujours un gibier. Simplement, en cette année exceptionnelle, elles ne pourront plus être victimes d’une technique de chasse barbare, non sélective et plutôt paresseuse ! C’est donc juste un sursis temporaire qu’elles ont obtenu …

Il est bon de rappeler à ceux qui l’auraient oublié que la France est le dernier pays de l’Union Européenne à autoriser cette chasse interdite par la « directive oiseaux » du 30 novembre 2009. Et force est de constater qu’à titre dérogatoire, la chasse à la glu perdure dans notre Région Sud (Alpes-de-Haute-Provence, Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Var et Vaucluse.)

Mais ce n’est pas tout : la Commission Européenne a également dénoncé le fait que parmi les 64 espèces que l’on peut aujourd’hui chasser en France, seules 20 présentent un bon état de conservation !

Dans ce contexte, l’annonce du chef de l’État du 27 août 2020 n’a donc rien de spontané.

Début juillet, dans le cadre d’une procédure d’infraction ouverte il y a un an, la Commission européenne avait adressé à Paris un avis motivé dans lequel elle lui demandait de « réexaminer ses méthodes de capture d’oiseaux ». Le gouvernement français avait trois mois pour répondre, faute de quoi cette même Commission pourrait saisir la Cour de justice de l’UE.

« En même temps », une prise de position mitigée

Il serait cependant naïf de croire à une prise de conscience de l’effondrement de la biodiversité par le chef de l’État.

D’abord parce que, même sous la menace d’une sanction, il ne décrète pas la fin du piégeage à la glu mais seulement une suspension d’un an. Mais surtout, parce que exactement « en même temps », l’Élysée ajoute que «les quotas des autres chasses traditionnelles sont maintenus à leur niveau de l’an dernier». Ainsi, pour les tourterelles des bois, menacées à l’échelle mondiale, un quota de prélèvement de 17460 oiseaux est fixé le même jour ! (cf. le journal officiel du 28 août)

Pour satisfaire 1,5% de sa population qui fait de la chasse un loisir, L’État français participe donc à l’extinction d’espèces menacées. Au détriment du respect de sa parole concernant les dites espèces …et au mépris des résultats de la consultation du public qui, du 22 juillet au 12 août 2020, a donné un avis défavorable à 75% à la reconduction de cet arrêté !

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