Faire office de « symbole » au plan national : voilà un honneur dont le Toulourenc se serait bien passé ! Cette rivière, chère à tous les amoureux du Ventoux, est devenue, bien malgré elle, «symbole des ravages du tourisme de masse » pour la revue Reporterre (22 juillet 2020)
Il faut dire que les sollicitations touristiques ne manquent pas. Les sites et les applis de randonnées y vont, chacun, de leur promotion. Celui-ci vous invite à une « balade familiale, les pieds dans l’eau, (qui) vous fera découvrir les somptueuses gorges du Toulourenc » (Altituderando). Celui-là, à « remonter le ruisseau les pieds dans l’eau ou au bord sur les graviers. Selon les endroits, vous aurez de l’eau jusqu’à la poitrine, mais la plupart du temps jusqu’aux genoux. » (Visorando).
Et ce ne sont hélas que quelques exemples de la longue liste de toutes les promesses d’une « petite rivière alimentée par le mont Ventoux (qui) coule sur 30 km dans une vallée étroite aux gorges profondes et sauvages » ….
Pourtant, depuis quelques années, il n’y a plus de « sauvage » au Toulourenc que la fréquentation des touristes et les incivilités de certains !
Une surfréquentation connue mais pas reconnue (ou si peu)
La surfréquentation se produit lorsque la pression des visiteurs, touristes ou usagers d’un milieu naturel ou semi-naturel est telle qu’elle dépasse la capacité du milieu à se régénérer.
À nos yeux, depuis des années, et d’ailleurs pour d’autres rivières du département, la fréquentation touristique a dépassé ce seuil critique. C’est la raison pour laquelle, dès le mois d’août 2016, FNE Vaucluse avait alerté les Services de l’État des conséquences d’une telle fréquentation estivale.
Cependant, nos alertes se heurtent à l’ambivalence des Services de l’État et des élus locaux.
À l’exception notable du maire de Saint-Léger-du-Ventoux, qui a pris un arrêté municipal début juillet interdisant l’accès au Toulourenc, les élus semblent plus sensibles à la manne touristique qu’à l’état de la rivière et même à ses dangers.
Un comité de suivi réunissant élus et services de l’État mise sur des travaux qui rendront les parkings payants et limiteront fortement le nombre de places.
Quant au Syndicat Mixte d’aménagement et d’équipement du Mont Ventoux, qui gère le tout nouveau parc naturel régional, il a pour « ambition » de réduire de 40% la fréquentation de la rivière …en 2035.
Sachant qu’il y a eu 115 000 visiteurs en 2019, soit une hausse de 125% pour les quatre dernières années, le Toulourenc ne tiendra pas jusque là !