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Ripisylves : le confinement n’arrête pas les destructions

Le confinement n’arrête pas les destructions de ripisylves. Dernière en date, constatée en plein confinement la dernière semaine d’avril : la ripisylve de l’Hérin* (ou Hérein). Des engins abattent méthodiquement des centaines d’arbres et détruisent la végétation rivulaire. En cause, les besoins d’approvisionnement en bois de la centrale de cogénération biomasse de Pierrelatte.

La ripisylve, habitat nécessaire et précieux d’une biodiversité menacée d’effondrement, est sacrifiée sans qu’il soit réfléchi aux conséquences présentes (des dizaines de nids occupés détruits) et à venir : rivière « mise à nu », au profit d’une centrale à bois présentée comme écologique, mais en réalité surdimensionnée, ne répondant pas à la demande locale et consommant des quantités pharamineuses de bois, pour un rendement énergétique minable. (Cf. l’article de Barnabé Binctin, « La centrale biomasse de Pierrelatte, l’absurde projet inutile d’AREVA », (Reporterre), 18 janvier 2014

Dans son Bulletin d’informations n°29 (mai 2020), le Conseil scientifique de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité de l’Observatoire régional de la Biodiversité – publie une note « Covid-19 et biodiversité: vers une nouvelle forme de cohabitation entre les humains et l’ensemble des êtres vivants non-humains ». L’on peut y lire : « la biodiversité subit des atteintes sans précédent, sous l’effet des cinq facteurs de pression directs – changements d’usage des terres, exploitation des ressources, changements climatiques, pollutions, espèces exotiques envahissantes – eux-mêmes sous l’influence des facteurs indirects comme la démographie humaine, les cultures, les modes de production et de consommation, les institutions et les gouvernances, avec des conséquences graves pour la survie de nos sociétés. L’Ipbes (Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services) appelait à sauvegarder la biodiversité en modifiant rapidement nos modes de production et de relations au vivant ».
En ligne de mire, les pays d’Asie ou d’Afrique qui protègent peu, ou mal, leur biodiversité.

Nous n’avons pourtant rien à leur envier, nous qui portons à grand renfort d’argent public des projets inutiles et couteux, entrainant la destruction de biotopes également soutenus financièrement par l’Etat, l’Agence de l’eau, la région, le département, via le syndicat de rivière (Syndicat Mixte du Bassin Versant du Lez, SMBVL)

Autour de la centrale de Pierrelatte, des coupes à blanc, parfois sauvages, ont été d’emblée constatées. La société gestionnaire, Coriance, sollicitait les propriétaires forestiers locaux : « Il est facile de créer un effet d’aubaine en proposant de racheter aux particuliers du bois à cinq euros la tonne, soit un peu plus que le prix du marché. Le problème réside dans le laxisme de la règlementation de la coupe, qui est simplement gérée par un arrêté préfectoral », dénonçait dès 2014 EELV. Ces sollicitations concernent actuellement les propriétaires de parcelles jouxtant des cours d’eau …dont l’opulente ripisylve aiguise l’appétit de l’insatiable centrale.

A l’été 2019, la Présidente du CoPil Natura 2000 « Aygues », le Président du CoPil Natura 2000 « Ouvèze-Toulourenc », le Président du SMAEMV, s’étaient émus auprès des services de l’Etat, de coupes sévères le long des rives de l’Ouvèze (zone Natura 2000).

En réponse, les préfets de Vaucluse et de la Drôme construisaient, très lentement, car il doit leur être bien difficile d’assumer une politique schizophrène qui leur demande d’en même temps faire tourner la centrale et protéger les boisements, un arrêté introduisant l’ « obligation de demander une autorisation pour couper plus de 100 ml de bois ».

Le confinement aurait interrompu le travail engagé …mais pas les coupes à blanc de la ripisylve de l’Hérin.

En 2014, les mises en garde de FNE Rhône-Alpes (FRAPNA) concernant la centrale, étaient restées lettre morte. Six ans après, leurs craintes se sont vérifiées. Tout en entreprenant de nombreuses démarches pour que s’arrête le massacre, (lire ici nos lettres aux préfets du Vaucluse et de la Drôme), FNE Vaucluse se prend à rêver qu’un certain virus aide les décideurs à retrouver un sens des hiérarchies compatible avec la biodiversité, l’environnement, la santé, la vie.

* De 23,3 km de longueur1, l’Hérin prend sa source à Vinsobres, dans la Drôme, pour rejoindre les eaux du Lez à Suze-la-Rousse, dans le Vaucluse.