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Traitement de l’amiante : vers une solution industrielle ?

Le dernier rendez vous de représentants de CINEA 84 au Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer (MEEM), ce 25 février 2020, marque une étape de plus vers une solution industrielle de traitement de l’amiante.

Le bureau de l’association (Alain Aubaud, Jean-Pierre Saussac, Jacques Wasbauer) accompagné du fondateur de VALAME, Pierre-Emmanuel Lepers, et sa directrice commerciale Nathalie Camus ont rencontré longuement Pierre-Yves Burlot, conseiller économie, finances vertes et économie circulaire au Ministère de l’Écologie et du Développement durable, et ancien de EDF et de l’ADEME (Agence de l’Environnement et Maitrise de l’Énergie).

L’espoir d’une solution industrielle au traitement de l’amiante

Le rendez-vous de fin février avait pour but d’exposer l’état d’avancement du projet de traitement de l’amiante liée, car le ministère avait exprimé le souhait d’en suivre l’évolution.

Rappelons ici que ce nouveau procédé de traitement présente l’intérêt d’être compatible avec la préservation de l’environnement, les nécessités économiques et les exigences de santé publique.

Monsieur Burlot a écouté attentivement. Il a posé plusieurs questions, exprimé son souhait de voir aboutir ce projet et donné des conseils concernant la meilleure façon de procéder à l’égard de la DGPR (Direction Générale de la Prévention des Risques). Un échange satisfaisant, témoin de l’intérêt nouveau pour cet aspect de la problématique des déchets amiantés.

Les représentants de CINEA 84 et de Valame ont même eu le plaisir de croiser madame Brune Poirson, secrétaire d’État.

Un très beau parcours pour CINEA 84

CINEA 84 peut ainsi être fière d’un parcours qui a débuté en 2010. Sita Méditerranée, projetait alors d’enfouir 5 000 tonnes d’amiante liée dans une carrière de Pernes-les Fontaines. Ce projet avait fortement mobilisé les habitants.

L’association « Collectif Indépendant Non à l’Enfouissement de l’Amiante » (CINEA) s’est créée à cette occasion. Et avec l’aide du maire de la commune, elle a réussi à faire échouer ce projet calamiteux porté par Suez.

Depuis, CINEA 84 soutient un double positionnement. Elle maintient qu’elle est totalement contre tout projet d’enfouissement d’amiante (« ni ici, ni ailleurs ! »). Mais, en même temps, elle recherche et promeut une alternative plus intelligente.

Le chemin du labo à l’industriel

Son chemin l’a d’abord conduite à découvrir les travaux du Professeur Michel Delmas, du laboratoire de Génie Chimique de l’Université de Toulouse. Ses expériences portaient sur la décomposition de l’amiante en matières premières recyclables (silice amorphe, chlorures de magnésium et de calcium, hydroxyde de fer et d’aluminium). Et elles prouvaient que c’était tout à fait réalisable… en laboratoire.

CINEA a alors contribué à faire connaître le procédé au-delà des cercles scientifiques,. Malheureusement, le collectif s’est heurté à l’obstacle difficilement franchissable du passage du labo à l’industrie.

Des dizaines de rencontres plus tard, la plus importante sera celle avec Neo-Eco, un bureau d’ingénierie-conseil, basé à Haubourdin (Nord). Ce « facilitateur d’économie circulaire », selon son créateur Christophe Deboffe, monte des filières de valorisation de déchets.

Et parmi les start-up sorties de l’incubateur Néo-Eco, Valame se consacrera exclusivement au recyclage de l’amiante.

Le procédé de Michel Delmas dûment breveté disposait dès lors d’une filière industrielle. Présenté dans les salons ad hoc par Pierre Emmanuel Lepers, son dynamique directeur, VALAME remporte des prix. Le Challenge DEEPTECH à Paris le 14 février 2019. Puis le deuxième trophée de l’innovation au Salon des Professionnels de l’Amiante à Lyon le 14 novembre 2019.

Une première unité pilote est prévue pour l’été 2020 : ne manque que l’argent !

C’est alors que Pierre-Emmanuel LEPERS apprend, le 21 février 2020, qu’il est lauréat d’un concours ADEME/BPI (Banque Publique d’Investissement). Ce qui va lui rapporter 600 000 Euros. La construction du pilote est désormais possible.

Un beau bilan pour le collectif

En 10 ans, à sa mesure, CINEA 84, petite association locale, s’est opposée à l’action d’un grand groupe (Suez). Ce collectif a soutenu un projet de laboratoire que beaucoup trouvaient irréaliste. Mais il a osé mettre en lien des industriels et des scientifiques. Cela l’a conduit à tanner tout le monde pour que les choses avancent et à interpeler sans relâche des élus atteints de surdité chronique.

Mais aujourd’hui, il semble que CINEA 84 ne soit plus très loin d’atteindre le but qu’elle s’était donné. Des unités mobiles permettront bientôt le recyclage de l’amiante à même les bâtiments qui doivent être dépollués. Bravo CINEA !