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Incendie de Lubrizol : la foire aux questions

L’incendie d’une usine classée « Seveso seuil haut » a rappelé l’existence de risques technologiques majeurs pour les riverains d’établissements industriels et mis en évidence la défiance des citoyens vis à vis de paroles trop souvent lénifiantes des gouvernants. Les questions se sont multipliées, en voici quelques unes.

Y-a-t-il des « Lubrizol » en Vaucluse ? Oui, il existe deux sites, et seulement deux, classés Seveso seuil haut : La poudrerie de Sorgues, EURENCO, qui constitue un des 4 pôles de la SNPE (société nationale des poudres et explosifs), et CAPL : Coopérative Agricole Provence Languedoc dédiée au stockage de produits agropharmaceutiques

Ce qui s’est produit à Rouen peut-il arriver en Vaucluse ? Oui, Pour mémoire, en 2002, s’est produite une violente explosion à la poudrerie de Sorgues avec 2 blessés graves. Donc, un risque majeur existe bien.
Ceci étant, ces établissements font l’objet de contrôles stricts des services de l’Etat, et fonctionnent avec des CSS (commissions de suivi de site), auxquelles les associations de protection de l’environnement (entre autres) ne manquent jamais de participer. Les employés des sites ont une véritable culture du risque.
Les préfets ont édicté des PPRT (plans de prévention des risques technologiques) pour restreindre l’exposition de la population autour des établissements à risque.
Ces plans créent des mesures de protection, par zones concentriques, avec expulsions financées dans le 1er cercle, jugé mortel (Financement par tiers Etat, collectivités, industriel) et autorisation de rester dans un deuxième cercle, moyennant des travaux lourds (triple vitrage, cadres résistants, salle de confinement)

Doit-on avoir peur ? Non Au total, nous aurions plutôt moins « peur » de ces établissements emblématiques que d’une foultitude d’autres, qui passent sous les radars et ne sont pas sans dangerosité :
Et Oui
A titre d’exemple :
Les 3 « Sites Seveso seuil bas » : Primagaz à Caderousse, Etudes et recherches au Thor, FM logistique à Entraigues, sont sans doute contrôlés par les services de l’Etat, mais pas de CSS, donc aucune transparence.
Or à Rouen, la population, qui a dû attendre 5 jours pour savoir grosso modo ce qu’elle avait respiré du fait de Lubrizol, sait-elle ce qui a brûlé dans l’établissement logistique voisin ? Le saurait-elle un jour avec précision, qu’elle ne pourra jamais attendre du manutentionnaire en plate forme logistique la même culture du risque que celle de son collègue en usine… La multiplication des plateformes logistiques sur notre territoire, déjà fâcheuse pour une consommation de foncier excessive au regard des emplois créés, s’avère également facteur de risque important et échappant à tout contrôle !
Les autres ICPE (Installations classées protection de l’environnement), classées selon qu’elles génèrent des nuisances ou risques importants ou seulement des nuisances ou risques assez importants, sont elles aussi objet de contrôles par les inspecteurs. On aimerait plus de transparence

Y-a-t-il des leçons à tirer ?

– Rouen est loin, mais FNE Vaucluse se réjouit sincèrement qu’il n’y ait eu aucun mort lors de cet accident. Deux réserves cependant : il faut attendre 9 mois pour être certains que les fumées n’auront eu aucune conséquence tératologique, et nous ne saurons jamais si des cancers se déclenchant dans 10 ou dans 20 ans n’ont pas un rapport avec ce qui s’est déposé après le 25 septembre sur les muqueuses des habitants en cette fin septembre

– Les radios ont beaucoup évoqué la mauvaise communication du gouvernement. Mais que pouvait-il dire, devant une conséquence, depuis longtemps annoncée, de son action constante et délibérée de «simplification du droit » participant à réduire le seuil d’exigences et les contrôles sur les établissements industriels ?
Ainsi que le souligne France Nature Environnement, « simplification du droit de l’environnement et baisse de moyens (conduisent) vers de nouveaux « Lubrizol » et « ce drame interroge notre accès aux informations, la sécurité des sites Seveso et doit aussi nous alerter sur l’assouplissement du droit de l’environnement en cours et la réduction des moyens humains de contrôle. »

– Beaucoup ont également évoqué notre incapacité à évaluer « l’effet cocktail », à savoir l’impact de l’addition de ces substances corrosives sur les organismes : prégnant dans le cas de l’incendie rouennais, cet aspect des rejets de certaines activités se pose en maints endroits (par exemple à Vedène, du fait de l’incinérateur) mais n’est jamais reconnu

– Pour finir, et pour en revenir au Vaucluse, force est de constater le total aveuglement des élus locaux aux risques encourus par leurs administrés : Trop de PLU, malgré nos mises en garde, continuent d’urbaniser chaque pouce de terrain « disponible » à l’ombre des activités dangereuses

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