Quelques acteurs des Sorgues du Comtat, communauté de commune irriguée par de nombreuses rivières, ont cru devoir donner un coup de pouce à l’effondrement de la biodiversité : un naturaliste vient de trouver, au détour d’une balade entre Nesque et canal de Carpentras, plus d’une dizaine de boîtes noires. (Cf la Nesque Propre, « des appâts chimiques le long de la Nesque » et le JT de France 3 du 23 novembre)
Ces boîtes, pièges à appât chimique ou rodenticides, contiennent de la bromadiolone, un anticoagulant puissant aux effets dévastateurs.
Certes, l’Union Européenne approuve, dans un règlement « la bromadiolone en tant que substance active destinée à être utilisée dans les produits biocides du type de produits 14» (Journal officiel de l’Union européenne, 26 juillet 2017), mais elle met des conditions qui nous paraissent loin d’avoir été toutes remplies lors de cette opération « mort aux rats » !
FNE Vaucluse pointe la dangerosité de ces appâts posés et abandonnés, sans autre information ni mise en garde que la composition du produit qu’ils contiennent, sans l’affichage dû au public, sans précaution vis-à-vis de ceux qui, par curiosité, pourraient les manipuler.
Toxiques pour les hommes en premier lieu, mais aussi pour la faune qui fréquente les cours d’eau. Outre les mammifères qui crèveront après consommation, nous pensons aux oiseaux et aux prédateurs qui mourront pour s’être nourris des animaux empoisonnés. Nous avons aussi une pensée pour les poissons, qui ne peuvent échapper à leur milieu et qui, déjà gavés de PCB et de pesticides (92% des cours d’eau français surveillés sont pollués aux pesticides !!) vont, par la grâce du lessivage des appâts et de la bêtise humaine, nager dans de l’eau assaisonnée à la bromadiolone !
FNE Vaucluse attend des services de l’Etat compétents en matière d’environnement qu’ils répondent à toutes les questions que pose la découverte de cette action, contactent les professionnels concernés ainsi que les donneurs d’ordres, vérifient les précautions prises et, le cas échéant, sévissent.
Néanmoins, fidèle à son devoir de pédagogie, FNE Vaucluse rappelle à tous ceux qui se seraient trouvé à l’étranger au printemps 2018, que la Plate-Forme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), réunie du 17 au 24 mars à Medellin (Colombie), a confirmé que « Partout sur la planète, le déclin de la biodiversité se poursuit, « réduisant considérablement la capacité de la nature à contribuer au bien-être des populations », ajoutant que « 42 % des animaux terrestres et des plantes ont enregistré un déclin de leurs populations au cours de la dernière décennie, de même que 71 % des poissons et 60 % des amphibiens.
La première cause de cette hécatombe réside dans l’intensification de l’agriculture et de l’exploitation forestière, et particulièrement dans l’usage excessif de produits agrochimiques (pesticides, engrais) ».
Le 20 mars 2018 une étude du Muséum national d’histoire naturelle et du Centre national de la recherche scientifique alertait sur la « disparition massive » des oiseaux dans les campagnes françaises tandis que, fin 2017, des chercheurs montraient que le nombre d’insectes volants a décliné de 75 % à 80 % en Allemagne depuis le début des années 1990 (Cf. Le Monde « Le déclin massif de la biodiversité menace l’humanité »)