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Total Mè-de l’huile de palme dans nos moteurs

A la Mède (commune de Châteauneuf-les-Martigues, Bouches-du-Rhône), Total, qui a annoncé l’arrêt de toute activité de raffinage de pétrole brut sur ce site, livrera dès 2018, du bio-diesel obtenu à partir d’huiles végétales de seconde génération et de résidus de raffinage.
La convention de reconversion a été signée en Préfecture le 13 février 2017, entre le groupe propriétaire Total, l’État, la Région et la Métropole..
Le projet du groupe Total est de faire du site la « première bio-raffinerie de taille mondiale » avec une capacité de production de 500 000 tonnes/an.

En clair, Total veut mettre davantage d’huile de palme dans nos moteurs

En 2014 déjà, 45% de l’huile de palme importée sur le territoire européen finissait dans les réservoirs des voitures et camions d’après les chiffres de l’association des huiles végétales européennes (FEDIOL). Cette révélation de l’ONG européenne Transports et Environnement est d’autant plus préoccupante qu’une étude de la Commission Européenne vient de mettre en évidence que l’impact climatique des agro-carburants à base d’huile de palme était 3 fois pire que le diesel classique.

FNE alertait par un communiqué de presse en date du 31 mai 2016 :
« Aujourd’hui il y a 7% d’huile dans le diesel et 7% d’alcool dans l’essence : l’ensemble des automobiles consomment des agro-carburants obtenus à partir de cultures (colza, huile de palme etc …). C’est donc une part considérable de la production agricole qui est accaparée par le trafic routier.
Les chiffres sont conséquents : Entre 2010 et 2014, la part de l’huile de palme importée en Europe à destination des agro-carburants (biodiesels) est passée de 8% à 45 %, pour un bond de 2,6 millions de tonnes. Cela se traduit par une augmentation de 606% des quantités d’huile de palme utilisée pour le biodiesel.
Les 3,5 milliards de litres d’huile de palme utilisés en 2014 sont le produit de la déforestation et du drainage de tourbières.
Ce changement d’usage des sols est à l’origine d’une majeure partie de l’impact climatique de l’huile de palme selon un rapport de la Commission européenne, en déstockant largement le CO2 accumulé pendant des années par ces écosystèmes. A cela, il ne faut pas oublier d’ajouter la destruction de la biodiversité engendrée par ces activités agricoles ultra-industrielles, qui transforment la forêt primaire en monoculture de palme »

La commission européenne elle-même prend position : dans un rapport soutenu par l’ensemble des groupes politiques, et présenté en session plénière en avril 2017, la Commission Environnement du Parlement Européen appelle « à mettre un terme rapidement à toutes formes de soutien aux biocarburants dérivés de l’huile de palme, car ils conduisent à accroître la compétition sur les terres au détriment de la production alimentaire, à accroître la déforestation et ainsi à augmenter significativement les émissions de gaz à effet de serre ».

Des associations, parmi lesquelles les Amis de la Terre (voir leur Contribution au débat public à propos de l’avenir de la raffinerie de La Mède, avril 2017) ou FNE PACA s’élèvent contre cette reconversion de l’usine Total de la Mède. Les argumentaires sont étayés. Une fois n’est pas coutume, la CGT de l’usine rejoint les associations environnementales, avec un argument de plus : compte tenu du peu d’avenir du diesel, est-ce la peine de détruire autant ? (cf. les articles publiés sur La Provence.com)

Quant à nous, nous demandons plus crûment : jusqu’où ira Total et jusqu’où irons nous pour faire rouler nos bagnoles ?