Des solutions concrètes pour diminuer la quantité de nos déchets et valoriser ce qui ne peut être évité, c’est possible, ils l’ont fait !
CINEA 84, la ville de Pernes les Fontaines, FNE et l’association des maires s’en font l’écho….
Ce jeudi 13 octobre 2016, Pernes les Fontaines et son Maire Pierre Gabert ont accueilli cette journée d’information et d’échanges. C’est une initiative de l’association CINEA 84 et le fruit d’une collaboration entre France Nature Environnement (FNE Vaucluse et FNE PACA), l’Association des Maires de Vaucluse et CINEA 84.
160 personnes dont 90 représentants de collectivités étaient présents : communes, communautés de communes, chambre d’agriculture, département. Preuve que le sujet des déchets est crucial, particulièrement sur le Vaucluse. En effet, notre département est très loin de figurer parmi les bons élèves sur ce point. Jean-Paul Bonneau Vice-Président de FNE Vaucluse le soulignait : un vauclusien produit 427 Kg de déchets résiduels par an, chiffre nettement supérieur à la moyenne nationale. Le Vaucluse se place à la 75ème place quant au recyclage des déchets.
Alain Aubaud Président de CINEA 84 montre au travers d’une animation comment nos déchets représentent au CET d’entraigue, une pyramide d’un volume équivalent à 405 arcs de Triomphe ! Sur notre département, nous entassons des déchets que ce soit à Entraigue ou bien à Orange, alors qu’ils contiennent des richesses. Ils sont source de pollutions, impacts sanitaires, alors que des solutions existent pour en réduire les quantités à la source et recycler. Tel était le but de cette journée :
Recueillir des témoignages pour des solutions concrètes et adaptables à notre territoire.
Ainsi 4 interventions ont éclairés l’assemblée, des exemples à suivre et à propager :
• La mise en œuvre de la tarification incitative à la communauté de commune Le Minervois (Hérault)
David Soto, en charge du service déchets à la communauté de commune montre comment il a mis en place cette tarification, en équipant la collectivité de conteneurs pour des apports volontaires avec badge magnétique. La communication a été très importante. Il est formel sur l’impact positif et incitatif de la mesure :
– Impact esthétique et sanitaire (plus de bacs débordants d’ordures)
– Equité, paiement pour les déchets générés et non pas de manière forfaitaire (TOM)
– Diminution par 2 des kilomètres effectués pour la collecte des ordures ménagères
– Diminution des déchets d’un tiers en 3 ans, le recyclage augmentant de 25%. Les déchèteries sont quant à elles plus fréquentées.
Ces bons résultats n’ont pas été sans difficultés, mais elles ont été contournées avec succès. Il ne constate pas d’augmentation des dépôts sauvages suite à la mise en place de la tarification incitative.
• La mise en place de la collecte sélective des bio-déchets
Par Renaud Piquemal, Directeur Général des Services du syndicat centre Hérault.
Les bio-déchets représentent plus du tiers de nos poubelles (source ADEME). Ce sont tous les déchets alimentaires qui rendent les poubelles nauséabondes. Ils sont pourtant source de richesse et ne demandent qu’à être valorisés en énergie, ou en engrais organique. La composition de l’engrais obtenu est encadrée, elle peut obtenir la certification bio. Les cultures ont grand besoin d’apports organiques de qualité pouvant avantageusement remplacer la chimie. Renaud Piquemal insiste : pour assurer la réussite du dispositif, il est important de partir des possibilités de valorisation, et d’organiser la collecte et le tri en fonction.
Les résultats sont probants : plus de la moitié des bio-déchets sont maintenant collectés et valorisés sur le territoire du syndicat. Les ordures ménagères ont diminué de près de la moitié, les autres formes de tri augmentent en parallèle de manière significative. La mesure ne s’accompagne pas d’un surcoût et les conditions de travail des collecteurs se trouvent améliorées.
• Une solution de recyclage des fibres d’amiante
L’amiante est utilisée depuis plus de 2000 ans pour ses propriétés : elle est extraordinairement résistante et chimiquement stable. En France, son utilisation a été massive des années 60 jusqu’à son interdiction en 1997. Sa toxicité en fait aujourd’hui un déchet préoccupant. La ville de Pernes les Fontaines a dû lutter contre des enfouissements sur son sol. C’est ainsi qu’est née l’association CINEA 84, maintenant intégrée au réseau FNE. Cette association ne s’est pas contentée de dire non à cette pollution, elle a recherché des solutions pour résoudre le problème de façon pérenne. Eh bien oui, la solution existe ! Le docteur Michel Delmas et son équipe de l’université de Toulouse ont réussi à mettre au point un process appelé « inertage ». Il permet de réduire l’amiante en composants parfaitement inoffensifs, tels la silice, le chlorure de magnésium. Non seulement la dangerosité de l’amiante est supprimée, mais cerise sur le gâteau, les produits de l’inertage ont un intérêt certain en tant que matière première pour notre industrie. C’est ce qu’ont présenté Alain Aubaud et Ghislain Denis de l’ENSIACET de Toulouse, ingénieur dans l’équipe du Professeur Delmas. Christophe Deboffe, PDG de la société Néo-éco recycling, est intervenu pour montrer le potentiel industriel d’un tel brevet. Cette société est en train de concrétiser à l’échelle industrielle, le process du Professeur Delmas. Le marché est colossal, français, européen et mondial si l’on songe que notre environnement contient plus de 25 Kg de fibre d’amiante par habitant de la planète.
• Une exception vauclusienne : la collecte et le traitement des plastiques agricoles
Michel Montagard est Président de RECUPAGRIE, une association créée par des agriculteurs pour organiser la collecte des déchets plastiques sur le Vaucluse de façon qu’on ne les retrouve pas dans nos campagnes. L’aventure a démarré dans les Sorgues du Comtat et s’étend progressivement aux autres communes du département. Monsieur Montagard nous présente cette organisation ainsi que les leviers qui sont nécessaires pour encourager ses collègues à restituer leurs plastiques agricoles, sachant que les agriculteurs doivent ramener des plastiques « propres » pour faciliter leur transport et leur bon recyclage. RECUPAGRIE s’inscrit en amont d’A.D.I.VALOR (Agriculteurs Distributeurs, Industriels pour la VALORisation des déchets agricoles). A.D.I.VALOR est un engagement volontaire de la profession agricole pour collecter et trier les résidus d’intrants agricoles (plastiques, bidons, sacs, produits phytosanitaires…). Sébastien Souchon a présenté l’importance de sa structure au niveau national : 300 000 agriculteurs trieurs, 7000 points d’apport, 50 plateformes de tri, 30 sites pour le recyclage. Le Vaucluse est bien doté avec plus de 75 points de collecte. Monsieur Souchon recommande de refuser ces apports en déchèterie, tout en invitant les détenteurs à les ramener à leur distributeur, d’où A.D.I.VALOR pourra assurer un traitement et une valorisation optimaux.
C’est Dany Dietmann, maire de Manspach en Alsace, auteur du livre « la terre est trop belle pour mourir » qui donne la conclusion filmée de cette journée que nous espérons prometteuse en initiatives pour notre département et notre région :
« Ayons le courage de tourner définitivement le dos à ces technologies lourdes ruineuses et inutiles qui nous viennent du siècle passé, pour nous orienter sur le chemin de la valorisation de matière, d’une économie légère, porteuse d’avenir et de développement durable. »