Dans notre esprit d’habitants du Sud-Est de la France, la sécheresse est synonyme de restriction d’eau et de feux de forêt.
Pour ce qui concerne les restrictions d’eau en Vaucluse, les réunions du « Comité sécheresse » rythment les mois d’été. Régulièrement animés par les rituels débats visant à répartir équitablement les sacrifices afin que ni les habitants buveurs d’eau, ni les agriculteurs, ni les industriels, ni l’usine hydro électrique de Serre-Ponçon, ni les touristes en recherche d’activités sportives, ne souffrent excessivement du manque, ces Comités sont arbitrés par la DDT et débouchent, le cas échéant, sur des arrêtés préfectoraux réglementant les usages de l’eau. (Cf nos articles précédents)
Les conséquences de la sécheresse vont pourtant bien au-delà de la pénurie d’eau proprement dite, et d’autres aspects méritent attention. France Nature Environnement se propose de les soumettre à la prochaine réunion du comité sécheresse du département, même s’ils ne représentent pas le principal de son objet.
Il s’agit des dangers générés par la sur fréquentation humaine des rivières réduites à un filet d’eau, voire transformées en chemins caillouteux, ceci au moment de l’acmé du tourisme.
Sont concernées au premier chef, les personnes : il n’est jamais anodin de se déplacer dans le lit à sec d’une rivière au fonctionnement torrentiel, comme les cours d’eau qui descendent de nos montagnes. Mieux qu’une longue explication, la vidéo ci jointe illustre notre propos ; elle concerne le Toulourenc, mais toutes les rivières de notre département, à l’exception des Sorgues, sont concernées.
La sur fréquentation humaine de nos rivières en assecs, est également dramatique pour la faune. Il n’est pas besoin de s’étendre longtemps sur la qualité de vie des poissons lorsque l’eau vient à manquer… Faut-il, à ces difficultés, ajouter la pollution de leur habitat, souvent sa destruction par les piétinements, les courses (organisées !!), sans parler des quads dont, décidément, les utilisateurs semblent faire assaut d’irresponsabilité…
Sur les Sorgues, qui traditionnellement conservent un peu d’eau, les ravages des kayaks sont conséquents : les pagaies détruisent les herbiers, et les sportifs paraissent ignorer que les charmantes petites plages de graviers sur lesquelles ils accostent et jouent sont en fait des frayères, patiemment reconstituées pour la faune piscicole par les sociétés de pêche du département ! Une charte a pourtant été signée par les loueurs de bateaux, et le contrat de rivière Les Sorgues prévoyait un comptage aux fins de limitation de leur nombre…
Il a fallu se rendre à l’évidence : l’ignorance, parfois l’indiscipline de nos concitoyens obligent depuis des années les Préfets à interdire la fréquentation estivale de certains massifs boisés du département, pour limiter le risque de feux, potentiellement mortels pour les habitants et destructeurs de biens matériels et naturels. Sera-t-il un jour nécessaire d’interdire, pour les même raisons, l’accès à nos cours d’eaux en période de sécheresse ?