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La processionnaire du pin

Il y a des pins dans mon jardin, ce qui n’a pas échappé à la Processionnaire du pin !
Il y a des nids de chenilles dans mes pins, problème résolu à l’ancienne, au moyen d’un échenilloir
Mais à l’impossible nul n’est tenu : des nids ont échappé à l’opération éradication, l’un parce qu’il était trop haut, l’autre parce qu’il était caché …dans un cèdre, d’autres sans doute car notre attention a des limites
Pas grave m’a dit une amie de la LPO : il restera des chenilles pour les mésanges
Coup de chance, il y a plein de mésanges dans mon jardin, nourries grassement aux graines de tournesol bio, mises à la diète aux premiers signes de vie des insectes.
Les mésanges sont-elles passées à côté des chenilles ? Difficile de répondre. Ce qui est certain, c’est qu’il en est resté, des chenilles, processionnant avant de s’agglomérer en tas serrés, essayant de s’enfouir dans le gravier des allées.

C’est dire si le compte rendu envoyé par Jean Luchet (Association de protection du Pays de Grignan) est arrivé à point nommé !

Nous voudrions y ajouter, proximité de Sérignan et hommage au génie de l’entomologie que fut Jean-Henri Fabre, cet extrait des souvenirs entomologiques :
« Terminons par quelques mots de pratique sylvicole. La Processionnaire du pin est une chenille vorace qui, tout en respectant le bourgeon terminal, protégé par ses écailles et son vernis résineux, dénude en plein le rameau et compromet l’arbre en le rendant chauve. Les vertes aiguilles, chevelure où réside la vigueur végétale, sont tondues jusqu’à la base. Comment y remédier ?
Consulté sur ce sujet, le garde forestier de ma commune me dit que l’usage est d’aller d’un pin à l’autre avec un sécateur emmanché d’une longue perche, et d’abattre les nids pour les brûler après. La méthode est pénible, car les bourses de soie se trouvent souvent à des hauteurs considérables. De plus, elle n’est pas sans danger. Atteints par la poussière pileuse, les émondeurs ne tardent pas à éprouver d’intolérables démangeaisons, agaçant supplice qui fait refuser la continuation du travail. A mon avis, il serait mieux d’opérer avant l’apparition des bourses.
Le Bombyx du pin vole fort mal. Incapable d’essor, à peu près comme le papillon du ver à soie, il se trémousse, tournoie à terre, et ne parvient guère, dans son meilleur élan, qu’à gagner les branches inférieures, traînant presque sur le sol. Là sont déposés les cylindres de la ponte, à deux mètres au plus d’élévation. Ce sont les jeunes chenilles qui, d’un campement provisoire à l’autre, montent plus haut et atteignent, d’étage en étage, les cimes où se tissent les demeures définitives. Cette particularité connue, le reste va de soi.
En août, on inspecte le feuillage inférieur de l’arbre, examen facile, car il se fait à hauteur d’homme. Vers l’extrémité des ramuscules aisément se voient, semblables à des chatons écailleux, les pontes du Bombyx. Leur grosseur et leur coloration blanchâtre les mettent en évidence au milieu de la sombre chevelure. Cueillis avec la double aiguille qui les porte, ces cylindres sont écrasés sous le pied, sommaire façon de couper court au mal avant qu’il éclate.
Ainsi je fais pour les quelques pins de mon enclos. Ainsi pourrait-on faire pour les étendues forestières, et surtout dans les jardins, les parcs, où la frondaison correcte est un des grands mérites de l’arbre. J’ajoute qu’il est prudent d’élaguer toute branche traînant à terre et de tenir le pied du conifère nu jusqu’à une paire de mètres d’élévation. En l’absence de ces gradins inférieurs, les seuls accessibles à sa lourde envolée, le Bombyx ne pourra peupler l’arbre. »

(in Souvenirs entomologiques, chapitre XXII, tome 2, p.213,214, la Processionnaire du pin, le papillon, édition Bouquins, Robert Laffont)

Nous admirons trop Fabre pour ne pas essayer la méthode, fondée sur l’observation, qu’il propose.

Pour ceux que la science moderne fascine davantage, voici aussi une petite revue de presse