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Forum « La qualité de l’air et la santé en question »

FNE Vaucluse était à ce forum organisé par le Conseil régional Paca et Conseil Habitat Santé, le lundi 26 mai 2014, à l’hôtel de Région à Marseille.

On y a parlé pollens et pesticides, mais aussi qualité de l’air intérieur ; Voici le compte rendu des interventions :

Annick Delhaye, Vice Présidente de la Région, déléguée au développement soutenable, environnement et énergie et climat.
En région les seuils autorisés concernant la pollution atmosphérique sont dépassés de manière récurrente. On peut estimer à environ 400 000 le nombre d’habitants respirant régulièrement un air ne respectant pas certaines normes.
La pollution de l’air est responsable chaque année de 7millions de décès prématurés dans le monde, et de 42 000 en France.
On peut estimer à 50 milliards d’euros le coût de la réparation des maladies chroniques en lien avec la pollution de l’air et à 30 milliards le coût de la dégradation sur l’environnement.
Le schéma régional Climat-air-énergie se donne plusieurs missions :
-améliorer les connaissances notamment en ce qui concerne les sources des polluants
-tout mettre en œuvre en vue d’un meilleur respect de la législation
-sensibiliser d’avantage les acteurs responsables ou influents en matière de pollution de l’air
-réduire la pollution et les polluants : ozone, particules fines, pesticides.
-Atteindre un objectif de 30% en moins de particules fines pour 2015 et 40 % de dioxyde d’azote en moins pour 2020.
-réduire le trafic routier notamment au sein des agglomérations,
-réviser le Plan de protection de l’Atmosphère.

Michel Thibaudon, Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA).
Généralités sur les pollens.

L’aérobiologie est l’étude des sources, des émissions, du transport et de la dispersion des pollens.
Les pollens peuvent être transportés par les insectes (entomogamie) ou par le vent (anémogamie), c’est ce deuxième moyen qui est la cause des allergies aux pollens.
Il est possible de mesurer le potentiel allergique de chaque pollen, c’est le risque allergique, il est noté sur 5.
Parmi pollens les plus allergisants, notés 5/5 on compte : le cyprès, le bouleau, l’armoise, la pariétaire ou encore l’ambroisie.
Les impacts sanitaires des pollens pour les personnes soufrant de pollinose sont les suivants :
Rhinite dans 90% des cas, conjonctivite (75%), asthme (50%), eczéma (20%).
Notons que le sujet allergique ressentira les symptômes de son allergie différemment en fonction de la météo et des conditions environnementales.

Le RNSA propose de sensibiliser les municipalités à la plantation de certaines espèces en vue de réduire le risque d’allergie des habitants :

En effet bien souvent la composante santé n’est pas prise en compte par les collectivités en ce qui concerne les espaces verts, ce site internet permet de connaître les espèces les plus allergisantes et celles par lesquelles elles pourraient être remplacées.

Bernard Hugues, pneumologue libéral
L’allergie au pollen de cyprès.

Le cyprès fait partie des cupressacées. Il s’agit d’une plante anémophile, qui transporte donc son pollen via le vent et qui a une très forte production de pollens.
Il existe différentes espèces de cyprès : cyprès sempervirens, cyprès italien, bleu ou encore le genévrier cade.
On dira que ces différentes espèces ont un pourcentage d’homologie très fort, le sujet allergique aura donc tendance à être allergique à toutes ces espèces car leurs pollens sont fort ressemblants.
Toutes les espèces n’ont pas les mêmes périodes polliniques, ce qui signifie que des pollens de cyprès sont produits environ six mois par an.
Le cyprès est très largement utilisé en haie, pour lutter contre le vent ou les vis-à-vis.
L’allergie au cyprès se caractérise par une toux sèche et fréquente, des conjonctivites aiguës, des écoulements nasals.
Cette allergie n’est pas liée à prédisposition. Les sujets développent une allergie car ils sont exposés chroniquement à une grande quantité de cyprès.
Des gestes simples à suivre afin de réduire les risques d’allergie : se rincer les cheveux une fois rentré à son domicile et de ne pas mettre le linge à sécher en extérieur !

Professeur Denis Charpin, Président du Conseil Habita Santé.
Pollution biologique dans la maison et au bureau.

On respire en moyenne 15 m3 d’air par jour.
Les problèmes liés à l’air intérieur sont essentiellement dus à l’humidité, on la retrouve au sein de 20% des logements. Conséquence involontaire des prescriptions du Grenelle de l’environnement de 2007, préconisant d’étanchéifier les habitats en vue de réduire les consommations d’énergie.
Les acariens sont des témoins de la présence d’humidité au sein d’une maison, ils vont souvent de pair avec l’apparition de moisissures ou de blattes.
Un logement humide et chaud augmentera la présence des blattes, acariens ou moisissures, mais aussi des bactéries, des Composés Organiques Volatils ou encore du plomb. En effet l’humidité aura tendance à faire se décoller les peintures (parfois au plomb) et à favoriser la diffusion des COV présents dans les colles ou solvants de certains meubles.
La prise de conscience des risques sur la santé liés à l’humidité est assez tardive. Elle est en partie responsable de certains asthmes ou maladies ORL.
Les conseils au quotidien portent sur l’aération et la réduction des ponts thermiques.

Frédérique Grimaldi, faculté de pharmacie, Marseille,
Pollution chimique.

Les principaux polluants chimiques présents dans l’air intérieur sont liés à la combustion : tabac, encens, cuisine, chauffage…
D’autres polluants chimiques sont également fortement présents dans les produits ménagers, de bricolage ou au sein de certains produits liés aux animaux.
Le mobilier, les matériaux de constructions recèlent également du formaldéhyde, très cancérigène.
Formaldéhyde : c’est un COV, il est utilisé comme conservateur, très bon désinfectant à froid. On en trouve dans la chimie de synthèse, en milieu hospitalier, dans le secteur industriel…
Impact : irrite les muqueuses oculaires et respiratoires, c’est un cofacteur de l’installation d’allergies. Il fait partie des 8 polluants pour lesquels l’ANSES exprime des valeurs guides (seuil limite à respecter)
Le benzène : il se libère par combustion, mais il est aussi présent dans les peintures, vernis ou encore certains détergents.
Il peut provoquer des leucémies, une dépression du système nerveux central. Il est irritant pour les yeux et myélotoxique (attaque la moelle osseuse)
Monoxyde de carbone : se dégage par combustion incomplète de toute matière organique. Il est le responsable de plus de 100 décès par an. Il est inodore et incolore. Toxique, il empêche le transport d’oxygène dans le cerveau et peut provoquer la mort.
Conseils : ne pas boucher les aérations, assurer la maintenance des appareils de chauffage ou de cuisson, aérer très régulièrement, faire attention au choix des produits d’entretien et de son mobilier.
Il est conseillé d’utiliser des produits d’entretien les plus simples possibles.

Alexandre Armengaud, Air Paca,
Mesure des pesticides dans l’air ambiant.

Les pesticides comprennent les herbicides, les insecticides et les fongicides.
Le rôle de l’observatoire des résidus de pesticides (ORP PACA) est de surveiller et d’évaluer les concentrations de pesticides dans l’air. Il n’y a pas de seuil réglementaire ou d’obligation en ce qui concerne la concentration des pesticides dans l’air.
Des études ont été menées entre 2011 et 2014 en zones urbaine (Avignon, Toulon, Cannes) et rurale (Cavaillon). Au total 43 molécules étaient étudiées.
Les pesticides dans l’air sont issues de diverses sources : application par les agriculteurs, par les particuliers, dans les aérosols, lors du désherbage par les collectivités etc…
D’après cette étude les pesticides sont d’avantages présents en zone rurale qu’en zone urbaine.
On remarque qu’à Cannes la faible présence de pesticides est remarquable. Cela s’explique par la mise en place de la charte zéro pesticides pour les parcs et jardins mise en place par la collectivité.

Pierre Henri Villard, faculté de pharmacie de Marseille,
Pesticides dans la vie quotidienne.

Deux termes différents sont employés pour parler des pesticides : les produits phytosanitaires lorsqu’il est question d’agriculture, les biocides pour les usages domestiques (désinfection, conservation du bois…)
Des études toxicologiques sont obligatoirement menées avant la mise sur le marché de nouveaux produits.
On connait bien les effets aigus sur la santé : irritations, asthmes, troubles gastro-intestinaux ; moins les effets chroniques : perturbateur endocrinien.
Peu d’études ont été menées en ce qui concerne les impacts sur la population et encore moins lors de mélange (effet cocktail lorsque l’on est au contact de plusieurs produits chimiques issus de différentes sources).
Les agriculteurs ont tendance à développer d’avantage de leucémies ou lymphomes que le reste de la population.

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