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Vedène : le projet immobilier qui spolie les habitants et saccage le territoire

Citoyens, nous sommes régulièrement indignés par le comportement de certains chefs d’entreprises, qualifiés de « patrons voyous »

Les dégâts causés du fait la recherche exclusive d’un profit immédiat par quelques uns sont considérables. Salariés ramenés au rang d’outils exploités puis jetés, environnement durablement détruit : il conviendrait enfin d’évaluer les coûts réels, humain, social et environnemental, de ces comportements.

Ce qui ce passe aujourd’hui à Vedène constitue en la matière un cas d’école.

En septembre 2011, Continentale Nutrition sacrifie ses 99 salariés de Vedène, au prétexte d’un recentrage sur d’autres unités de production. Plus d’un an après, l’occupation permanente du site, l’investissement fort du Préfet de Vaucluse, aboutissent au choix d’un repreneur. Il s’agit d’APRC GROUP, « fonds de placement et entités financières similaires », né en 2008.

Auprès de Monsieur Blanc, Préfet de Vaucluse, l’entreprise s’engage à « implanter en lieu et place (de l’usine de Continentale Nutrition) une base de logistique industrielle de six hectares qui devrait donner lieu à la création d’environ 120 emplois » (La Provence 05 12 2012).

Quatorze mois plus tard, Jorge Hernandez, directeur général, affirme « Sur ce foncier de 7 hectares au départ, que nous avons porté à 20 hectares après remembrement des fonciers mitoyens, nous allons déposer en juin 2014 un permis de construire. »

La différence d’emprise au sol outrepasse le terrain artificialisé par l’ancienne usine d’au moins 14 hectares de terres agricoles ou naturelles et humides non constructibles selon le PLU de Vedène et le SCoT du bassin de vie d’Avignon. La revitalisation du site industriel a fait place à une opération immobilière. «APRC a dépassé son rôle de contractant général pour épouser celui de monteur d’opérations immobilières en intervenant sur toute la chaîne immobilière depuis l’identification du terrain jusqu’à la revente ». (J. Hernandez, décrivant son projet Vedène sur le modèle d’une réalisation de 160 000m² de base logistique à St Martin de Crau, interview au magazine Logistique, 24 février 2014).

« Remembrement des fonciers mitoyens » La banalité de l’expression appelle quelques commentaires :

1) Le PLU de Vedène et le SCoT du Bassin de vie d’Avignon sont, rappelons-le, le résultat consensuel de longues discussions pour un partage juste et fonctionnel du territoire. Ils représentent la volonté d’un vivre ensemble consenti par tous.

2) Le territoire convoité par le promoteur est précisément protégé par les documents d’urbanismes : ces terres, classées en zone agricole ou humide, donc non constructibles, longent le canal de Vaucluse et constituent un « corridor de biodiversité » dans un espace périurbain.

Ces corridors sont suffisamment rares autour d’Avignon pour que leur suppression ne soit envisagée qu’en cas d’intérêt public majeur, et qu’après réflexion approfondie. Lorsque nous nous sommes rendus sur place, nous avons pu constater combien les habitants s’appropriaient cette campagne préservée pour en faire un lieu de promenade. Faciliter les circulations douces des humains, favorise aussi les circulations de la faune et de la flore.

3) Si les premiers à se mobiliser ont été les habitants impactés par l’appétit foncier du promoteur, parce qu’ils étaient l’objet de menaces et d’intimidations lorsqu’ils refusaient de signer des promesses de vente (« nous avons « redessiné » notre projet en positionnant l’unité de messagerie sur la parcelle située en façade de vos gîtes. Vos locataires auront en permanence 365 jours par an une vue directe sur un entrepôt 4.500 m² et ses allées de circulation. » ; « Ce projet verra le jour coûte que coûte …je ne vous cache pas qu’une DUP (déclaration d’utilité publique) soit envisagée »), nombreux sont les occupants du territoire qui aujourd’hui rejettent un projet qui allie gigantisme et inutilité.

4) Ces « fonciers mitoyens » sont constitués de terres agricoles exploitées (vignes AOC côtes du Rhône, prairies, élevage équin), de zones humides protégées, et d’un site patrimonial avec bâtiment industriel historique.

Les exploitations agricoles génèrent des emplois que le projet sacrifie.

Les zones humides sont protégées comme réservoirs de biodiversité.

La papeterie de Gromelle, aujourd’hui en faillite et rachetée par le même promoteur, est le plus ancien site industriel de Vaucluse, attesté depuis 1204. Que restera-t-il de cet endroit riche d’histoire pour le département, qui conserve de beaux restes du XIXème siècle, lorsqu’il sera mitoyen d’un entrepôt logistique de plus d’une centaine de quais ?

Avec l’association vedènaise ADEGCL, FNE Vaucluse demande :

1) Qu’il soit procédé à une dépollution des sites de Continentale Nutrition et de Gromelle, avec surveillance de la démolition de l’existant (présence d’amiante) et des fluides qui sont actuellement rejetés dans le canal de Vaucluse.

Une question à ce sujet va être posée au CODERST (Comité départemental d’Evaluation des Risques Sanitaires et Technologiques).

2) que la CDCEA (Commission Départementale de Consommation de l’Espace Agricole) se saisisse du problème et estime si la consommation de foncier agricole est justifiée par un intérêt supérieur (Cf. notre courrier à monsieur Roussel, DDT, président de la commission).

3) Qu’avant tout investissement d’argent public, une évaluation du rapport coûts/bénéfices de l’opération soit faite. Les propositions à géométrie variable du repreneur, l’incohérence interne du projet (un hôtel de luxe jouxtant un hangar ??), les emplois promis « à la louche » lorsque l’on sait le grand nombre de m² d’entrepôts disponibles dans les environs et le peu d’emploi générés incitent à la plus grande des prudences.

Les salariés de Continentale Nutrition ont été l’objet de maltraitance de la part de leurs employeurs. Il est aussi scandaleux de continuer à les leurrer que d’ajouter à leur désespoir celui des habitants et de saccager un territoire.

Le blog de l’ADEGCL

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