2 - Avis et Communiqués

Faut-il un plan d’eau à Beaulieu

L’éco-quartier de Beaulieu sera « un prototype de la ville de demain » explique Christian Gros, Maire de Monteux, Président de la Communauté de Communes des Sorgues du Comtat. Cet Eco-quartier (1000 logements) répondra, toujours selon monsieur Gros, à des « principes stricts de qualité de vie, de bien être et aussi une nouvelle gouvernance empreinte de démocratie participative ».

Présenté comme 160 autres, en 2009, au Ministère de l’écologie, ce projet n’a pourtant pas fait partie des 28 projets retenus, (donc aidés par l’Etat). L’on sait aujourd’hui, ce que l’on ignorait il y a quinze ans lors de la conception du projet, combien ces quartiers excentrés, quelque soit leur qualité urbanistique ou écologique, génèrent de problèmes et permettent peu l’assimilation des populations qu’ils accueillent (les évènements récents de Grenoble en sont une nouvelle preuve).

Pour l’UDVN84, c’est l’organisation de ce site autour d’un vaste plan d’eau qui pose problème :

  1. L’alimentation du lac, par les eaux de la Sorgue et par la nappe phréatique mise à jour lors du creusement, sera déficitaire en été (mai à septembre). Pour combler ce déficit les auteurs du projet comptent sur les droits d’irrigation liés aux terres agricoles qui vont êtres urbanisées. Pourtant, si une partie de ces 100 ha n’aura de fait plus besoin d’irrigation, on peut penser que les espaces verts aménagés et les jardins nécessiteront, eux, d’être arrosés. Il y aura donc bien un déficit en eau, et ce d’autant plus que la chaleur s’accroissant, l’évaporation sur ce plan d’eau probablement a été sous estimée. Le débit de la Sorgue aval va s’en trouver affecté.
  2. Les eaux prélevées dans la Sorgue de Velleron seront, après avoir stagné dans le lac, restituées à une température sans doute plus élevée qu’initialement. La température de la Sorgue aval va s’en trouver modifiée.
  3. Or, la Sorgue est une rivière unique en Provence par la régularité de son débit et la constance de sa température (de 11 à 14°C). Ces facteurs ont permis le développement d’une ripisylve exceptionnelle pour le sud de la France, et d’une faune singulière, qui ont justifié sa classification en zone Natura 2000. Ils sont la condition de la survie de cet éco-système dans toute sa richesse et sa diversité, survie évidemment obérée par l’existence du lac.
  4. Enfin, ajoutons que le projet initial prévoyait la création de deux bassins annexes pour gérer les eaux pluviales, problème récurrent de ces terres souvent inondées. Or une récente demande de modification de projet prévoit la suppression de ces deux bassins !

Alors que tous les experts prévoient des modifications importantes du climat dans les années à venir, avec augmentation des risques, et proposent de préserver notre patrimoine en eau, est-il utile de découvrir une nappe, de modifier un système hydrologique établi, sans en avoir bien mesuré toutes les conséquences ?

Faut-il, en pleine année de la bio-diversité, sacrifier une partie de notre patrimoine environnemental ?

Ne pourrait-on construire plutôt que détruire et privilégier la plantation d’une forêt d’essences locales qui contribuerait à la mise en place d’une trame verte accompagnant la trame bleue des Sorgues ?